À l’occasion Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle à Paris (6-11 février 2025), Emmanuel Macron a annoncé un investissement record de 109 milliards d’euros. Ce montant vise à accélérer la recherche, le développement et l’adoption de l’IA en France. Cette initiative s’inscrit dans la continuité du Plan France 2030, qui avait déjà alloué 2,5 milliards d’euros au secteur. L’objectif est clair : faire de la France un acteur majeur du numérique et de la Deep Tech.
Les États-Unis et la Chine dominent aujourd’hui l’intelligence artificielle, concentrant l’essentiel des investissements mondiaux. Pour renforcer la compétitivité de l’IA française, la stratégie nationale repose sur quatre piliers clés : le développement des entreprises innovantes, la mise en place d’infrastructures performantes, la formation de talents spécialisés et la création d’un cadre réglementaire sécurisé.
La French Tech IA connaît une expansion rapide, avec des investissements en forte hausse. Des initiatives stratégiques comme la création de l’Institut national pour l’évaluation et la sécurité de l’IA (INESIA) viennent structurer cet écosystème en pleine mutation. Grâce à ces avancées, la France se positionne comme un acteur clé de la révolution numérique.
Quels seront les effets concrets de ces investissements sur l’écosystème IA français ? La France parviendra-t-elle à rivaliser avec les grandes puissances technologiques ? Décryptage d’un tournant stratégique pour l’intelligence artificielle en France.
Une IA française en pleine expansion
L’IA française connaît une croissance rapide, portée par un écosystème dynamique et des investissements records. En 2025, la France compte 751 start-up spécialisées dans l’IA, soit une augmentation de 27 % en 2 ans. Près de 43 % d’entre elles conçoivent des solutions basées sur l’IA générative, en exploitant notamment des modèles de fondation (15 %), des techniques de RAG (15 %) ou des approches de fine-tuning (13 %). Par ailleurs, 28 % des start-up identifiées intègrent des outils de machine learning, tandis que 20 % s’appuient sur des technologies de deep learning
Parmi ces entreprises, 16 licornes IA se distinguent en proposant des solutions innovantes dans plusieurs domaines : analyse de données, cybersécurité, finance, santé, industrie et commerce.
Des investissements en forte hausse
Le financement du secteur a connu une envolée. En 2022, les start-ups IA françaises ont levé 3,2 milliards d’euros, soit six fois plus qu’en 2018. Cette croissance résulte d’un double facteur : un fort soutien public, notamment via Bpifrance, et un intérêt accru des investisseurs privés et étrangers pour les innovations issues de la French Tech IA.

L’attractivité de la France pour les géants de la tech
La France est aujourd’hui le premier pays européen en matière d’investissements étrangers dans l’IA. De grands groupes technologiques comme Google, Meta, Microsoft, DeepMind et Samsung ont implanté des centres de recherche en intelligence artificielle sur le territoire. Ces choix stratégiques témoignent de la reconnaissance du savoir-faire français en ingénierie et en innovation.
Des investissements records pour accélérer l’IA française
L’annonce des 109 milliards d’euros d’investissements marque un tournant stratégique pour la French Tech IA. Financé par des capitaux privés français et étrangers, cet effort vise à accélérer la croissance du secteur et à positionner la France comme un acteur majeur de l’IA à l’échelle internationale.
La montée en puissance des infrastructures IA
Avec cette somme, la France ambitionne de rivaliser avec le plan Stargate des États-Unis, qui prévoit 500 milliards de dollars pour le développement de l’IA. Une partie de ces fonds sera consacrée à la création et à l’expansion de data centers, indispensables pour entraîner les modèles d’IA et améliorer les capacités de stockage et de calcul.
Dans cette optique, 35 sites stratégiques ont été identifiés pour accueillir ces infrastructures. Cette initiative vise à renforcer la puissance de calcul du pays et à garantir une meilleure autonomie technologique face aux États-Unis et à la Chine.

Un renforcement des capacités de calcul et de stockage
Pour soutenir cette expansion, la France mise sur la construction de nouvelles infrastructures adaptées aux besoins croissants du secteur. Parmi les projets phares, le fonds canadien Brookfield investit 20 milliards d’euros dans un data center à Cambrai. Ce site jouera un rôle clé dans l’hébergement et la gestion des données IA sur le territoire.
En complément, un renforcement des capacités de calcul haute performance est prévu. Des investissements seront alloués à l’amélioration du supercalculateur Jean Zay et au développement de nouveaux laboratoires de recherche spécialisés en IA. Ces infrastructures permettront aux entreprises et aux chercheurs d’accélérer la mise au point de modèles avancés, favorisant ainsi l’innovation et la compétitivité du pays.
L’IA française entre dans une nouvelle ère. Grâce à ces investissements, le pays renforce ses infrastructures de pointe, garantissant une montée en puissance durable et souveraine. Cette dynamique doit également accroître l’attractivité de la French Tech IA sur la scène mondiale.
L’IA française au service des entreprises et de l’innovation
Si les grands groupes technologiques et les licornes IA occupent souvent le devant de la scène, les PME et ETI jouent aussi un rôle essentiel dans la transformation numérique. Leur adoption de l’IA devient un enjeu stratégique pour améliorer leur compétitivité et productivité.
De nouvelles initiatives pour démocratiser l’IA
Pour faciliter cette transition, plusieurs initiatives ont émergé. Parmi elles, le programme « IA au service de l’efficience », un appel à manifestation d’intérêt (AMI) qui vise à identifier et promouvoir des cas d’usage concrets. L’objectif est de mettre en lumière des réussites en entreprise pour inciter d’autres acteurs à adopter l’IA. Ce dispositif prévoit aussi l’accompagnement de 400 PME et ETI d’ici 2025, en leur apportant des outils pratiques, des conseils stratégiques et des solutions de financement.
En complément, les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) ont lancé une campagne nationale pour sensibiliser 20 000 entreprises aux opportunités offertes par l’IA. L’enjeu est d’informer les dirigeants sur les applications concrètes, les bénéfices potentiels et les bonnes pratiques pour une intégration réussie.
L’enjeu de l’adoption massive par les entreprises
L’IA se déploie progressivement dans le tissu économique français, bien au-delà des grandes structures et des centres de recherche. Son adoption à grande échelle reste cependant un défi. Les entreprises font face à des contraintes financières, un manque de compétences spécialisées et des incertitudes sur les retours sur investissement. Reste à savoir si ces initiatives suffiront à accélérer l’adoption de l’IA et à en faire un levier de croissance durable pour les PME et ETI.
Vous investissez dans l'IA ?
Nos experts vous aident à structurer vos demandes de financement pour maximiser vos chances de succès !
Former les talents de l' IA française de demain
L’essor de l’IA en France repose sur un défi majeur : disposer de talents qualifiés pour accompagner son développement. Aujourd’hui, la pénurie de compétences freine aussi bien les start-ups que les grands groupes technologiques et les instituts de recherche. La demande en ingénieurs, data scientists et experts en machine learning augmente rapidement, alors que l’offre de formation peine à suivre.
Objectif : 100 000 jeunes formés par an
Pour répondre à ce besoin, l’objectif est de former 100 000 jeunes par an aux technologies de l’IA d’ici 2030, contre 40 000 actuellement. Des investissements sont prévus pour renforcer les formations spécialisées et élargir l’accès aux cursus en IA, notamment dans les universités et écoles d’ingénieurs. La formation continue et la reconversion professionnelle sont également des axes prioritaires, afin d’adapter les compétences aux transformations induites par l’IA dans de nombreux secteurs.
Retenir les talents
Former davantage de spécialistes ne suffit pas. La France doit aussi les retenir sur son territoire face à la concurrence des États-Unis et de la Chine, qui attirent de nombreux profils avec des opportunités et des salaires plus élevés. Le développement de pôles d’excellence et l’amélioration des infrastructures de recherche sont des leviers essentiels pour renforcer l’attractivité du pays.

Reste à voir si ces mesures suffiront à combler le retard et à répondre aux besoins croissants des entreprises. Pour l’instant, la bataille des talents en IA est loin d’être gagnée, et les acteurs du secteur surveillent de près la mise en œuvre des initiatives annoncées.
Une IA française sécurisée et encadrée
L’essor de l’IA en France ouvre d’importantes perspectives économiques et technologiques. Toutefois, il soulève aussi des questions éthiques, sécuritaires et réglementaires. L’un des défis majeurs est d’assurer une IA de confiance, capable d’éviter la désinformation, de limiter les biais algorithmiques et de se protéger contre les cyberattaques. L’enjeu est d’autant plus crucial que l’intelligence artificielle s’intègre dans des secteurs sensibles comme la santé, la finance et la défense.
Le rôle clé de l’Institut INESIA et des organismes de régulation
Pour encadrer cette évolution, un écosystème de régulation se met en place, impliquant des acteurs comme l’ANSSI, l’Inria, le LNE et le PEReN. L’Institut national pour l’évaluation et la sécurité de l’intelligence artificielle (INESIA), récemment créé, doit jouer un rôle central dans l’analyse des risques et l’évaluation des modèles d’IA utilisés en France.
La France, moteur d’une régulation internationale de l’IA
Au niveau international, la France participe activement à la régulation de l’IA. Elle est impliquée dans le réseau des AI Safety Institutes, un consortium réunissant plusieurs pays pour harmoniser les pratiques en matière de sécurité IA. L’objectif est de trouver un équilibre entre innovation et encadrement, afin d’éviter que l’IA ne devienne un outil d’instabilité ou de manipulation à grande échelle.
Le rôle de la France dans la gouvernance mondiale de l’IA reste à consolider. Alors que les États-Unis et la Chine avancent rapidement, le défi pour l’Europe est de structurer une approche commune qui favorise l’innovation tout en garantissant une IA éthique et transparente. Reste à voir si ces principes seront appliqués de manière efficace et si l’IA française pourra s’imposer comme un modèle de régulation à suivre à l’international.
FAQ
Quelle est la meilleure IA française ?
Il n’existe pas une seule IA française dominante, mais plusieurs entreprises se démarquent selon leur domaine d’expertise. Mistral AI est l’un des acteurs les plus prometteurs en IA générative, rivalisant avec les géants américains. Dataiku est une référence en science des données et machine learning, utilisée par de nombreuses entreprises pour optimiser leurs analyses. Owkin innove dans l’IA médicale, facilitant la recherche biomédicale et le développement de traitements. Preligens, quant à elle, se spécialise dans l’IA pour la défense et la surveillance. Chacune de ces entreprises contribue à faire de l’IA française un écosystème performant et innovant.
Quelle est la place de la France dans la course mondiale à l’IA ?
Avec 109 milliards d’euros d’investissements, la France accélère dans l’IA mondiale et se positionne comme un acteur clé face aux États-Unis et à la Chine. Son écosystème dynamique compte plus de 1 000 start-ups et 16 licornes, dont Mistral AI, Dataiku et Owkin, innovant dans l’IA générative, la santé et la défense.
Grâce à l’Institut INESIA, elle mise sur une IA éthique et sécurisée, tout en développant des infrastructures de pointe et en formant 100 000 talents par an. La France veut s’imposer comme un leader technologique tout en garantissant une IA de confiance.
Qui a inventé l'IA ?
L’intelligence artificielle n’a pas été inventée par une seule personne, mais s’est développée grâce aux contributions de plusieurs chercheurs. Alan Turing, dès les années 1950, a posé les bases théoriques en imaginant des machines capables de simuler la réflexion humaine. En 1956, John McCarthy a officiellement introduit le terme « intelligence artificielle » lors de la conférence de Dartmouth, marquant le début de la recherche en IA.
Depuis, des avancées majeures ont été réalisées grâce aux travaux de Geoffrey Hinton, Yann LeCun et Yoshua Bengio, qui ont révolutionné l’IA avec le deep learning et les réseaux neuronaux. Aujourd’hui, l’IA continue d’évoluer, portée par des innovations en apprentissage automatique et en intelligence artificielle générative.